Blog de voyages en Inde

Mon amoureux indien – Épisode 17

Blog Carte postale de l’Inde

Aujourd’hui, je traîne. Tiens, je ne suis toujours pas allée au temple. J’envoie un message à Hari, qui m’en avait envoyé quelques uns, mais sans être lourd – au contraire d’autres. On se retrouve au temple Ganesh de Pondichéry que je vous ai présenté dans l’épisode 14. Laxmi, l’éléphante du temple m’apporte sa bénédiction en retour de mon offrande, en me posant sa trompe sur la tête. Impressionnant, même si ce n’est pas la première fois qu’elle me le fait !

Hari, c’est le jeune homme à la moto qui m’avait abordée juste avant que je ne retrouve mon ami Karthik, et avec qui j’avais abrégé la conversation. En fait, il est très chouette. Il est ingénieur informatique de formation, mais manage un hôtel à Auroville. Intéressant, gentil. Il est aussi plus jeune que moi, et je me dis qu’il peut devenir un bon ami. Je remarque quand même qu’il a des épaules fabuleuses, et qu’il a l’air très très musclé, le garçon ! Du genre “je fais au taquet de muscu”. Mais avec un visage presque poupon et toujours un immense sourire accroché à sa bouche… qui donne envie d’y goûter ! Lui aussi (comme mes amis Amrit, Sonali et Pichaya) est un peu décalé, pas comme tout le monde.

Même physiquement. Au delà de ces muscles que l’on ne voit pas tous les jours, il est presque rasé, en tout cas les cheveux très courts. Il me dit que c’est parce qu’il vient de se raser la tête pour le jour de l’an. Ha bon ? Ça lui semble normal… moi, je n’ai jamais entendu parlé de ça… Il n’a pas de moustache non plus, juste une mini barbichette sur le menton. Ha oui, parce que la moustache, c’est important, au Tamil Nadu ! C’est un signe de virilité ! Une année, je me souviens avoir ri de cette mode, avec Yuvraj. Le lendemain, il avait rasé sa moustache, pour moi. Et pour lui, ça lui faisait un peu honte, genre il n’était plus vraiment masculin. Mais ça lui allait tellement mieux !

Une paire de moustaches indiennes

On se sépare… pour quelques minutes, parce que dès que je rejoins mon scooter, voilà qu’il ne démarre plus ! En fait, c’est tout bêtement une panne d’essence. Comme la jauge ne fonctionne pas et que je ne me suis pas rendue compte que j’avais autant roulé… Heureusement qu’il était là pour qu’on aille à la station remplir une bouteille d’essence ! Du coup, on reste un peu plus ensemble.

Eat my cake, un chouette salon de thé à Pondichéry

Il me fait découvrir un endroit très sympa, que je vous conseille aussi pour vous détendre dans un joli cadre. C’est le salon de thé “eat my cake“. On peut y prendre un café et savourer des pâtisseries, qui, en plus d’être bonnes, ont aussi une esthétique très travaillée. L’éthique de l’enseigne donne également envie de s’y rendre : elle est tournée vers l’emploi des femmes. Le cadre aussi est très agréable. A l’étage, une petite terrasse couverte, aux tons doux, donne envie d’y passer du temps. J’adore les décorations de guirlandes de perles, qui doivent aussi servir d’anti-mouches, et les lumières créées à partir de râpes ! Il fallait y penser !

La terrasse du Eat My Cake à Pondichéry
La terrasse du Eat My Cake à Pondichéry

Ce salon de thé est situé dans white town, au 5 rue Romain Rolland à Pondichéry. Vous pouvez retrouver leurs actualités sur Facebook.

Je trouve Hari de plus en plus charmant. Sans être lourd, mais en étant très clair, il me dit que, si une amitié lui convient aussi, il aimerait qu’il y ai plus entre nous. Waouh, je suis un peu scotchée par sa maturité et sa manière d’assumer !

Du coup, le soir, on se refait une soirée roof-top à la guest-house, tous les trois avec Yuvraj. Je suis aussi surprise par sa réaction : il est très à l’aise avec mon pote, ouvert, intéressant et tourné vers les autres, comme l’impression que j’avais de lui. J’avais peut-être besoin de l’avis de mon ami sur lui. Et il est positif.

Je vous parlais précédemment de certains jeunes indiens, et particulièrement des Pondicherriens, qui veulent se marier avec un Française. Peut importe laquelle, sa principale qualité devant être de leur procurer un passeport. Il y a aussi d’autres profils. Hari est de ceux-là.

Les mariages en Inde

Le mariage en Inde est un changement de statut social. Et que ce soit pour les hommes ou pour les femmes. Contrairement à des idées reçues, il n’est pas obligatoire. Mais il y a une pression sociale qui fait que quelqu’un qui n’est pas marié n’est pas considéré comme adulte, mature.

Il faut aussi faire une distinction entre les mariages forcés et les mariages arrangés. Il n’y a rien de barbare à un mariage arrangé. Le respect des plus âgés, et la bienveillance de la société, fait considérer que le candidat/e choisi/e par les parents sera quelqu’un qui va nous rendre heureux. Un parent veut le meilleur pour son enfant. A la limite, je dirais que les familles dans lesquelles les enfants ont le moins le choix sont celles qui ont de gros patrimoines, dans lesquelles il s’agit plus de faire des alliances.

Dans la plupart des familles, à partir d’un certains âge, on considère que l’enfant devenu adulte doit prendre son envol et créer sa propre famille. Mais ces enfants, jeunes adultes, ont parfaitement le droit de ne pas vouloir vivre avec le candidat présenté ! D’ailleurs, il y a de plus en plus de mariages d’amour en Inde. C’est à dire des personnes qui se sont rencontrées, se sont fréquentées, ont souvent déjà eu des relations sexuelles ensemble, et veulent s’unir par le mariage.

Un paquet de mes copines ont un boyfriend. Bon, la différence avec l’Europe, c’est que tu en as un, pas beaucoup plus, avant le mariage ! Je me souviens d’Anjali de Pona qui, elle, voulait se marier avec son copain. C’était ses parents qui lui demandaient d’attendre la fin de ses études avant de passer devant le maire !

Les mariages d’amour en Inde

Je me souviens aussi de ma copine Amitha qui m’annonçait le mariage de sa sœur. Quand je leur demandais à elle et leur mère s’il s’agissait d’un mariage d’amour ou d’un mariage arrangé, elles me répondaient en rigolant et un peu gênées : “Ha non non, un mariage arrangé ! “, comme si le mariage d’amour était un peu honteux !

Cela fait peu de temps que l’on parle des mariages d’amour. Le premier film Bollywood a le mettre en exergue est “Dilwale Dulhania Le Jayenge” en 1995, avec la grande star Shahrukh Khan. Enfin, je dis peu de temps, mais ça fait quand même un paquet d’années. Mais il faut du temps aux mentalités pour ouvrir sur un nouvel esprit. Le cinéma est un puissant levier de communication sociale en inde, c’est d’ailleurs le sujet de ma future thèse !

Mariage en France et mariage en Inde

Quand on y regarde de plus près, ce n’est pas si différent des mariages en France. Il y a encore 50 ans, les parents savaient avant même leurs naissances que les enfants épouseraient ceux des voisins du village. Ou même encore aujourd’hui. Est-ce que tous les mariages ne sont motivés que par l’amour, ou par un confort de vie ? Combien de fois ai-je entendu des amis français, avant de passer le cap, dire “c’est pas folichon tous les jours, mais je sais que c’est quelqu’un sur qui je pourrai compter, et qui est quelqu’un de bien”, voire “avec lui/elle, qui a du patrimoine, je sais que nos enfants seront à l’abri”. Est-ce foncièrement différent quand c’est nous qui choisissons notre partenaire de vie sur ces critères, ou quand ce sont nos parents ?

On se marie avant, on tombe amoureux après

Une autre grande différence avec la culture française est que les indiens qui s’engagent ensemble font tout le possible pour que cette union soit heureuse, même s’ils ne se connaissaient pas avant. Enfin, la plupart des gens, parce qu’il n’y a pas de déterminisme ! Être dans un mariage heureux est un fierté, en Inde, même si à la base il est arrangé ! Je me souviens d’avoir croisé un jeune portant un tee-shirt avec une phrase encadrée par les deux pouces en l’air le désignant “Ce gars sera super amoureux de sa future épouse !”. Ha ha, je crois qu’en France, le même serait “Ce gars est un serial-baiseur”… Pas le même esprit, non ?!

Culturellement, en Inde, toutes les générations vivent sous le même toit. Un enfant même à 30 ans, s’il n’est pas marié, vit généralement chez ses parents, avec également les grands-parents. Lorsqu’un couple se marie, il part généralement vivre chez les parents du mari. C’est ici l’origine de la dot : une compensation financière pour le logement, l’alimentation et les frais de vie de l’épouse, durant tout le reste de sa vie. Bon, ça, autant vous dire : je ne cautionne pas. Il est d’ailleurs de plus en plus fréquent de voir des couples qui ne vivent plus chez les parents. C’est essentiellement car ils ont déménagé dans des grandes villes pour des raisons professionnelles.

Certains jeunes indiens – des hommes principalement – ne veulent pas se marier car cette étape les fait passer dans un autre statut social. Fini l’inconscience, les fêtes avec les copains, la liberté : il faut être adulte, assumer une famille, travailler, être “sérieux”. Je pense que ça déclencherait pas mal de cancans si un homme marié était vu faire la fête : il n’est pas adulte, la honte sur sa famille.

La place de la femme en Inde

Une autre réflexion personnelle sur la culture indienne avant de clore cet épisode : la place des femmes dans la société Indienne. Je ne suis pas sociologue (quoi que, c’est en cours), mais de mon constat, et si ça dépend vraiment des individualités. D’une manière générale, la femme n’est pas perçue de la même manière dans le nord que dans le sud de l’Inde. On pourrait dire que l’activité des femmes est souvent la même : qu’elle travaille ou pas, c’est elle qui tient la maison, élève les enfants, fait la cuisine. Mais si dans le nord elle est plus facilement perçue comme “la femme de ménage”, dans le sud, elle est plutôt vue comme la maîtresse de maison. Une femme forte qui mène tout de front, et qui est tout à fait capable d’envoyer sa sandale à la tête de celui qui l’enquiquine!

La mentalité du sud, d’une manière générale, est bien plus pragmatique. Cela est peut-être liée aux croyances religieuses. Dans le nord, Shiva est plus adulé, alors que dans le sud, on est plus axé sur Krishna, huitième avatar de Vishnou. Shiva, et son épouse Parvathi sont des dieux “célestes”, alors que Radha, compagne de Krishna, le dieu à la peau bleue, est plutôt humaine, ou une gopi ou aspara, danseuses des dieux. Du coup, leur relation est plus terrestre. Cela se remarque aussi dans les différents types de danses : au nord, le kathak est très aérien, les mouvements sont tournés vers les cieux, au sud, le baratha natyam est bien plus ancré dans le sol.

Voilà, j’ai partagé avec vous quelques réflexions personnelles !

Phir milenge !

Que s’était-il passé depuis Le départ ?

J’arrivais à Mumbai, c’était Épisode 1, puis dans Épisode 2 : on allait dans les quartiers de Mumbai. On faisait la fête dans l’Épisode 3 : Sortir à Mumbai , puis on se promenait vers la plage Épisode 4 : Juhu.

Après, je suis allée à Bîdar, oui oui, il y a une Bîdar en Inde, retrouver dans l’Épisode 5 : Ma famille Indienne, on a visité le temple Sikh Guruwarda, et passé du temps avec les enfants. On a aussi, fait la visite de Bîdar et des alentours.

Dans l’Episode 9, j’arrivais à Hyderabad, puis je vous amenais dans le temple Birla Mandir. Au retour, je faisais une rencontre étonnante !

J’arrivais enfin à Pondichéry ! On avait fait ensemble le tour du centre appelé White town, puis je vous avais amené dans les autres quartiers de Pondichéry.

Je vous racontais quelques rencontres, puis vous amenais au Sunday Market de Pondichéry, un endroit qu’il ne faut pas manquer !

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