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Bîdar : L’agriculture familiale et l’école en Inde – Épisode 7

Blog Carte postale de l’Inde

Sai rentre de l’école avec son uniforme et ses longues nattes décorées de ganses en rubans. Elle est trop mignonne, elle fait vraiment première de la classe. Ce qui est d’ailleurs le cas ! Elle vit très mal lorsqu’elle n’a pas les meilleures notes ! Elle avait aujourd’hui ses examens de fin d’année, et n’aura presque pas de grandes vacances : sa nouvelle école, dans le Maharashtra, n’a pas le même calendrier, et dans une semaine, elle sera de retour en classe !

Je vais faire des courses avec Narveen, le chauffeur. Ce soir, je leur cuisine un poulet basquaise ! Je sais que l’on trouve facilement tous les ingrédients ici, j’en ai déjà préparé. Je m’étais cassé la tête pour trouver un plat qui fasse consensus, entre ceux qui ne mangent pas de bœuf, pas de porc, ce que l’on ne trouve pas… Bon, évidement, pour les végétariens, ça ne marche pas, mais sinon, le poulet basquaise allait à merveille à la soirée spéciale que j’avais organisé à Pondichéry, cet été 2019, où les festivités de ma ville me manquaient. Oui, j’avais organisé dans “mon” restaurant à Pondichéry… les fêtes de Bayonne ! C’était fou ! Les gens avaient suivi, ils étaient venus habillés en rouge et blanc, et j’avais fait faire des foulards rouges pour chaque client qui passait la porte. C’était dingue de voir, dans ce cadre, touristes occidentaux et indiens, en tenue locale mais rouge et blanche, danser sur les musiques de férias !

J’avoue que les journées qui suivent sont un peu longues. Ici, ça me change bien de l’effervescence de Mumbai. C’est une vie calme, familiale, que je passe surtout avec la petite Isha. C’est hallucinant le nombre d’émissions russes dans les programmes télé pour enfants. Je trouve ça plutôt inquiétant eu égard à l’actualité politique. Ici, les russes sont “des amis”, et, même pour les gens cultivés, “ils doivent bien avoir une raison”…

Maisons indiennes et bâtiments publics à Bîdar
Maisons indiennes et bâtiments publics à Bîdar

J’essaye de me balader, mais je reste dans le quartier… il n’y a pas grand chose à proximité, à part le Gurudwara et ses commerces. C’est dans cette allée que j’ai assisté à une scène hallucinante pour une française. Je remontais la rue, à pied, je vois un porte-monnaie rose parterre, puis tout s’accélère. Un jeune m’interpelle en me demandant si je la connais, je ne comprends pas de qui il parle, d’autres lui crient quelque chose, un autre démarre sa moto, attrape le porte-monnaie, et accélère à fond jusqu’à rattraper une fille en scooter au bout de la rue… pour lui rendre son porte-monnaie ! Vous imaginez ça à Paris ?!

Conduire un scooter en Inde : c’est chaud !

Ha, en parlant de scooter ! Un matin, Sonali et Swati me disent que l’on va aller au jardin. C’est un autre lieu agricole qu’elles possèdent.

Cette fois, on ne prend pas la voiture, on n’est que toutes les quatre, avec Isha. Ok, on y va comment, alors ? Ha, avec les deux scooters ?! Bon, d’acc, j’avais mon scoot à Pondy, mais là

je ne connais pas la ville, puis… donc c’est moi qui prend la petite derrière… Honnêtement, je ne suis pas super sereine. Je me suis même fait une peur bleue, et elle aussi a du bien avoir la trouille… Pas l’habitude de rouler à gauche, Swati qui trace, je me fais un freinage un peu aléatoire sur le gravier du bout de la rue, suivi d’une accélération un peu téméraire pour essayer de ne pas la perdre de vue… un peu trop brusque pour les graviers… et la gamine qui se retrouve couchée sur la scelle, en train glisser sur le coté, et que j’ai rattrapé en la saisissant par le mollet !

C’est sport, OMG, heureusement qu’elle n’est pas tombée du scoot ! On roule quelques kilomètres, jusqu’au jardin… au fond d’une route que l’on prend à contre sens “parce que sinon c’est trop long de faire le tour”. Bilan du trajet : toujours un certain flottement aux intersections, encore plus pour reprendre du coté gauche de la route, évitement de quelques cochons, vaches et chiens, évidement pas de casque qui n’est pas obligatoire en ville, un beau sens interdit… mais une petite toujours vivante (ouf ! )

Sous une petite serre poussent des haricots, et le reste du jardin est pleins d’arbustes. Il faut creuser autour des troncs pour permettre aux racines de s’étendre et de prendre le soleil. En fait, on fait comme un élargissement de la zone d’arrosage, où l’eau sera retenue. Sur un trentaine d’arbuste, toujours par 40°, ben c’est sport !

L’école en Inde

Retour à la maison. Bien qu’Isha soit plus coquine que sa très sérieuse grande sœur-première-de-la-classe, l’école doit lui manquer : on passe l’après-midi à “faire classe”. Elle me demande certaines précisions, certains mots en anglais (elle parle couramment, mais n’a que quatre ans), me demande de lui faire des devoirs sur l’alphabet, puis finalement, c’est elle qui me fait un cours de hindi. Mais très sérieusement, d’ailleurs. Et elle m’apprend des choses ! Elle se moque même de moi par rapport à ma difficulté pour différencier les phonèmes approchants : en hindi, il y a plusieurs P, T, B, N… Je savais que je galérais, mais pas que j’étais autant à la rue que ça ! C’est probablement pour cela que la langue pratiquée est bien différente des cours !

Alphabet hindi - apprentissage
Alphabet hindi – panneau pour apprentissage

Isha est aussi très fière de me faire pratiquer des exercices plutôt surprenants. Tous les matins, et depuis leur plus jeune âge, les indiens ont une sorte de rituel quasi militaire avant d’entrer en classe. C’est une série d’ordres, sur une rythmique presque chantée, qui doit avoir pour but de “faire joli” et discipliner les jeunes personnes. “Écarte les pieds”, “serre les pieds”, “les bras le long du corps”, “marche”. Ça doit aussi une autre perception de la culture Indienne. Ils ont ça en commun, avec les soviétiques, ce qui n’a aucune résonance pour nous. Ça me rappelle ce que me racontait de son enfance mon amie Karolina, une Tchèque installée au Pays-basque : elle aussi avait connu, dès son plus jeune âge, le formatage quasi militaire à l’école. Ça interroge sur ce que l’on attend des sociétés qui vont se construire : est-ce que l’on veut encourager la créativité, la prise d’initiatives, ou est-ce que l’on privilégie le formatage et l’obéissance qu’il garantie ?

Alphabet Kanadan – Karnataka- Inde

Ça y est, je commence à organiser la suite. Après demain, tôt le matin, j’ai réservé un train pour aller à Hyderabad, où je passerai deux jours avant de retrouver Pondichéry. J’ai tellement hâte. En attendant, je vais passer mon dernier jour à Bîdar à visiter ce qu’il y a d’historique ou de notable dans la ville. Je prépare l’appareil photo !

Phir milenge !

Lire les autres épisodes :

Intro : Le départ

Épisode 1 : L’arrivée à Mumbai

Se balader dans la ville dans l’Épisode 2 : Les quartiers de Mumbai

Passer une super soirée dans l’Épisode 3 : Sortir à Mumbai

Si on allait vers la plage à Épisode 4 : Juhu !

Ici, découvrez Épisode 5 : Ma famille Indienne

Une visite époustouflante dans l’Épisode 6 : Le temple Sikh Guruwarda

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