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La visite de Bîdar et des alentours – Épisode 8

Blog Carte postale de l’Inde

Pour mon dernier jour, Swati m’a tout organisé. Un de ses collègues de travail va venir me chercher, dès le matin, et nous amener faire la visite culturelle de Bidar et de ses alentours. Enfin, Yosh et Isha connaissent déjà, mais ça leur fait aussi une balade, et moi, j’en prends plein les yeux. C’est Narveen, le chauffeur, qui nous conduit, en voiture. Nous avons rendez-vous devant le fort, où trois jeunes indiens nous attendent. C’est Akhilesh, son frère et un copain à eux. Ce sont eux qui sont chargés par Swati de prendre soin de nous aujourd’hui ! Et franchement, ils sont aussi adorables avec moi qu’avec les enfants !

On rentre dans le fort en traversant une passerelle qui enjambe des douves, après une porte monumentale qui annonce le reste : ce fort est impressionnant. C’est l’une des fiertés de Bîdar. Ici encore, on reconnaît facilement l’influence de l’architecture musulmane. Cet édifice avait été construit initialement au XV° siècle par Ahmad Shah de la dynastie des sultans Bahmanis, de l’empire du Deccan. Déjà de l’extérieur, on devine un dédale de passerelles, ponts, de plusieurs blocs de monuments. Le fort est entouré de plus de 4 km de murs. Le site a d’ailleurs failli être sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Et quand on rentre, on comprend pourquoi ! On ne sait pas où regarder, tout est grandiose, et grand aussi. On s’y sent minuscules !

Entrée du fort de Bidar - karnataka - Inde
Entrée du fort de Bîdar – Karnataka- Inde

Allez, une gourde d’eau fraîche pour les enfants, la casquette bien vissée sur la tête d’Isha, quelques photos pour maman, c’est parti en mode touristes !

Le Sherja Darwaza est une “porte” architecturale en pierres, fermée par une porte en métal ornée de grands pics qui ne donnent pas envie aux assaillants de la forcer ! Elle ouvre sur une promenade qui surplombe les douves puis distribue les ruines des palaces de l’époque. Tout le long de ce chemin, il y a des guérites dans des bastions surélevés, des sortes de petites plateformes par lesquelles on accède par des escaliers bien raides (aïe, il ne faut pas que les petits se vautrent!). A ce qu’il paraît qu’il y en a 37 dans tout le fort !

sherja Darwaza, fort de bidar - inde
Sherja Darwaza, fort de bidar – inde

La première étape est un monument, pour le coup là, assez en ruines, dont l’accès est interdit, puis ses jardins en terre rouge et aux pierres fatiguées, avant le musée du fort de Bîdar. Il y a plein d’explications sur le fort, mais aussi, dans des vitrines, divers objets depuis les bijoux jusqu’aux armes de l’époque. La pièce est assez fraîche et ça fait du bien, mais il faut retourner dans la chaleur pour le suite de la visite !

Un peu plus loin, l’édifice est un peu moins marqué par le temps. On peut accéder à une grande place en pierres qui ouvre sur plusieurs tours et petits bâtiments. On devine que certains devaient être des cachots… et ça ne donne pas envie d’y séjourner ! Il fait de plus en plus chaud. La réverbération du soleil sur les pierres blanches ne doit pas aider, je dois dire. Isha court un peu partout, alors que Yosh, lui, se met dans un coin, sur son téléphone, et il est même difficile de le faire bouger. On le chambre : est-il sur un jeu vidéo, ou bien en chat avec une fille ?…

Les cachots du fort de bidar - Inde
Les cachots du fort de bidar – Inde

Au bout d’une allée, après une nouvelle porte interne, on découvre un espace beaucoup plus vert, et assez épatant : le Rangeen mahal. C’est la partie construite au XVI° siècle. Dans les jardins du Rangeen mahal, une surprenante fontaine attire l’œil : une forme de goutte d’eau en granite, dans laquelle est sculptée une sorte de mandala, une fleur à 16 pétales. L’eau est supposée arriver depuis un aqueduc qui court le long du palais, mais là… la réserve doit être un peu à sec ! 16 est un nombre qui revient pas mal en architecture perse.

La fontaine lotus en mandala - Bidar
La fontaine lotus en mandala – Bidar

D’ailleurs, l’une des salles de ce palais est la grande mosquée aux 16 piliers, la Solah Kamba Masjid. Même si les grilles en interdisent l’accès, on peut se rendre compte depuis l’extérieur de la majesté du lieu. Nous sommes presque les seuls visiteurs, l’endroit est immense, et on a l’impression qu’on va faire un voyage dans le temps, que des danseuses en saris vont débarquer pour danser pour le Sultan ! Au fond du jardin, vers l’entrée opposée, il y a d’ailleurs d’énormes canons qui devaient servir à repousser les envahisseurs de Bîdar. Au loin, on voit les ruines d’un villages dont les “guides” nous disent qu’il s’agissait du village dans lequel les servants du sultan vivaient. C’est un peu trop loin… et sec et chaud, pour aller jusque là-bas ! Allez, retour à la voiture !

Sur le chemin du retour, on aperçoit plusieurs personnes habillées en rajasthanis, les gens du voyage venant du Rajasthan, au nord de l’Inde, et qui vivent de vente de leur artisanat ou de spectacles de rue. C’est d’ailleurs de leur diaspora que sont nées les populations dites “Tsiganes” ou “romanichelles”, nomades jusqu’à leur sédentarisation en Espagne, où on les appelle plutôt “gitans”. Et on se rend compte à quel point les cultures se sont imbriquées en observant les corrélations entre la danse Kathak (danse classique du nord de l’Inde) et le Flamenco. Enfin, là, il y beaucoup de gens d’un coup, avec beaucoup d’accessoires très typiques, et des couleurs coordonnées, mais vraiment très flashy… ça fait un peu trop. Puis en regardant mieux, ils ont l’air plutôt maquillés… puis d’autres arrivent encore derrière. Ouai, ok, j’ai compris… ce sont les figurants d’un film !

Figurants d'un film indien
Figurants d’un film indien

Notre équipe nous amène jusqu’à un autre site archéologique, après une petite glace qui me ravie autant que les enfants ! Connaissez-vous le kulfi ? C’est une glace traditionnelle, souvent à la cardamome, c’est un régal !

Les tombeaux de Bidar - Inde
Les tombeaux de Bidar – Inde

L’autre site est manifestement plus ancien, en tout cas, il est bien moins bien conservé. Il s’agit des tombeau des Bahamani, les mêmes souverains. Il y a ici 12 tombeaux, mais alors pas des petits ! Le plus grand, qui date du XVI° doit faire pas loin de 30 mètres de hauteur ! Ils sont alignés, dans un parc très géométrique, où il y a également des blocs de pierre… qui sont aussi des tombeaux. Probablement de gens moins importants. Certains moments paraissent en relativement bon état, avec même encore des faïences décoratives, d’autres sont carrément éventrés. Ça permet aussi de voir comment ils étaient à l’intérieur.

Bon, certes, l’architecture est impressionnante, mais je trouve cela un peu morbide, quand même… Suite du programme : nous nous arrêtons dans un jardin d’enfants, avec balançoires, toboggans, même un bassin, mais asséché ! C’est vert et ombragé, ça fait du bien ! C’est un petit paradis pour Isha, en revanche, son frère ne veut même plus sortir de la voiture ! Allez petit break au resto, ça va nous faire du bien !

Mes “guides” me demandent si je veux manger français ou indien… Ben, indien ! Je ne suis pas ici pour manger français, non ?! Ha ha ! Je sais que c’est bienveillant, pour que je sois le mieux possible, mais ils n’ont pas encore capté que je suis “à moitié indienne”. Remarque, ils ont dû le comprendre quand ils m’ont vu manger avec les mains ! Il n’y a que le chai que je commande à la fin du repas dont ils n’ont pas compris le sens, vu la chaleur. Mais si : quand il fait chaud, il faut boire chaud… puis surtout, j’adore le chai !

Anecdote surprenante, le patron du resto qui me regardait depuis un moment faire manger Isha fini par me demander si tout se passe bien avec elle depuis notre départ… Je en comprends pas trop… Il me demande si je suis bien Française, et me sort mon métier… Me dit qu’il a gardé la photo… Ben, laquelle ? La femme avec il me confondait était une autre Française, de la même profession assez spécifique, qu’il avait rencontré l’année précédente quand elle était venue et avait adopté une petite. Il m’a montré la photo, et… franchement, ça aurait pu ! Quel hasard ! Ou alors, c’était dans un monde parallèle ! Tout est possible ici !

Yosh nous a fait un tel sketch qu’il faut le ramener à la maison : rien à faire. Il n’y a que deux choses qui l’intéressent : les jeux vidéos et boire du Coca par litres. Un vrai ado… Entre Isha qui veut tout, et lui qui ne veut rien, c’est drôle !

Les scooters en Inde

En Inde, il est fréquent de voir des scooter avec 3 personnes dessus, parfois 4, avec en plus un bébé… mais là, c’était la première fois que j’en voyais un qui, en plus de son conducteur, avait une si énorme quantité de tiges de maïs que l’engin n’était même plus visible… en en plus une femme assise par dessus le maïs ! Et derrière elle, un petit garçon ! Sacré sens de l’équilibre ! Je ne peux pas résister à la photo !

Narveen nous conduit, bien à l’extérieur de la ville, dans un temple bouddhiste, le Anathpindak Bhudha Vihar à Dhammankur Mountain. Le temple en lui-même, où on assiste à une cérémonie, est très chouette, puis il est entouré d’un parc joliment décoré et des hébergements des moines. Ils nous reçoivent aussi très gentiment, avec du thé et nous expliquent toute l’histoire du temple. Si vous passez par Bîdar, je vous recommande le détour. Ce n’est pas à coté, mais tellement instructif et apaisant !

La petite a été adorable, et ce doit être une journée si éprouvante pour elle qu’elle s’effondre de fatigue sur les genoux de l’un de nos guides sur la route du retour. Route du retour, prise d’ailleurs à contre sens pendant un bon moment, le long de ce qui doit être l’équivalent de nos voies rapides, voire autoroutes… Ben oui, sinon, ça fait un détour ! Mais c’est un sport national, ici, c’est pas possible ! Là, j’avoue ne pas être franchement rassurée…

La journée à été longue pour tout le monde. On dépose les gars chacun vers chez eux. Je suis un peu mal à l’aise, je ne sais pas comment les remercier, je n’ai rien pu leur offrir aujourd’hui, ni repas, ni glace, ni rien. Ils refusent catégoriquement un billet en précisant que guide n’est pas leur métier, l’un d’eux est juste un collègue de travail de Swati : c’était vraiment par gentillesse qu’ils se sont si bien occupés de moi et des enfants toute la journée.

Je reste avec Narveen et Isha. Avant de rentrer, Narveen voudrait me montrer un dernier endroit agréable dans la ville. C’est un jardin, avec pas mal d’aménagements pour les enfants. On y arrive alors que le soleil se couche. Encore l’un de ces bâtiments rectangulaires avec un dôme à bulbe, qui doit être un tombeau pour Sultan ! Mais je dois dire qu’avec un éclairage comme cela, c’est sacrément joli !

Isha s’est réveillée, et pas qu’un peu, elle court de partout. Forcement, encore plus devant les structures gonflables pour enfants et les petites barques sur un plan d’eau. Ce parc est aussi intéressant, parce qu’il présente, en grandeur nature, des scènes de la vie quotidienne des Indiens d’autres époques, surtout en agriculture. Ce doit être des statues de plâtre peintes, je ne se sais pas trop. Il y a aussi tout un espace de tables, bancs et chemins, en style des mosaïques de Gaudi à Barcelone. Allez, il est l’heure de rentrer ! Dernière soirée avec “ma” famille, demain, Sonali m’amène tôt à la gare.

Phir milenge !

Lire les épisodes précédents :

Intro : Le départ

Épisode 1 : L’arrivée à Mumbai

Petite visite guidée dans l’Épisode 2 : Les quartiers de Mumbai

Et si on faisait la fête : Épisode 3 : Sortir à Mumbai

Vers la plage dans l’Épisode 4 : Juhu

En avant vers Bîdar Épisode 5 : Ma famille Indienne

Visite d’un temple Sikh Épisode 6 : Le temple Sikh Guruwarda

Épisode 7 : L’agriculture et l’école en Inde

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