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Hyderabad : Une rencontre inattendue – Épisode 11

Blog Carte postale de l’Inde

J’arrive à retrouver mon chemin dans Hyderabad. Il va falloir que je trouve un cordonnier pour réparer cette sandale cassée, ce n’est pas hyper pratique pour marcher !

Que vous sachiez : quand je découvre une ville, je me laisse porter par ce qui m’arrive, ce que je voie, les gens qui me parlent.

En passant devant le jardin d’une administration, deux personnes calculent que je suis un peu perdue, et me proposent leur aide. Ils sont aussi, comme beaucoup d’indiens, assez curieux des autres cultures et aiment bien parler aux occidentaux. Ils me demandent de faire des photos avec eux. La femme surtout, Soni, a manifestement très envie qu’on devienne copines ! Et, fruit d’un bel hasard, nous avons la même profession. Ayant fini son service, elle m’invite à venir manger chez elle et veut me présenter sa famille ! Je suis un peu gênée, mais elle insiste. Il faut que je répare cette sandale, elle me dit que je trouverai facilement un cordonnier à Charminar, que c’est sur sa route, et qu’on va y aller ensemble en bus. Bon, allons-y !

On traverse la ville, puis on descend dans un quartier qui ne me semble pas du tout être celui de Charminar… Je me laisse porter par les événements.

Au bout de la ligne, Soni discute avec d’autres femmes qui attendent, et charge tout le monde dans un rischaw. Une autre femme se joint à nous. Nous sommes 5 dans ce petit machin, plus le chauffeur ! Normalement, on ne rentre pas à plus de trois à l’arrière, mais là, une femme est assise sur les genoux de sa copine, et moi, je suis à l’avant, assise sur la barre latérale du triporteur ! Je m’inquiète un peu pour l’équilibre du truc. Allons donc, ça ne fait pas peur au chauffeur qui s’arrête ramasser un homme qui s’assoie comme moi, de l’autre côté ! 7 dans un rischaw, je crois que le record absolu est battu ! On s’arrête de temps à autre pour poser quelqu’un, jusqu’à ce que ce soit notre tour. Aïe, mes fesses sont endolories, mais j’ai bien rigolé !

Soni m’amène direct faire réparer ma sandale, une bonne chose de faite ! Elle me dit qu’elle vit juste à coté, et qu’il faut absolument que je vienne rencontrer sa fille, qu’elle a eu plusieurs fois au téléphone entre temps. Ha, essayez de refuser quelque chose à une femme indienne… C’est mission impossible !

Soni habite un quartier excentré, pas luxueux, mais pas pourri non plus. Ce sont des petites maisons de toutes les couleurs qui s’alignent le long des rues. Derrière une porte en fer bleue, un sas à ciel ouvert dessert plusieurs pièces que Soni me fait visiter. Soni a aussi un petit chien qui me fait la fête et réclame des caresses, en se roulant sur le dos, les pattes bien écartées pour que je lui grattouille le ventre ! C’est un petit loulou blanc, qui ressemble vraiment à la chienne, Lady, que j’avais petite. Ça fait bizarre !

Sa fille, Jyoshna, 21 ans, avait vraiment hâte de me rencontrer. C’est quand même étrange, cette relation aux étrangers. J’ai l’impression qu’elles reçoivent chez elle une star. Arrivée de la belle-mère, des voisines, et de son fils, spécialement venus me rencontrer… Mère et fille ne cessent de me présenter comme une Américaine, au bout d’un moment, j’abandonne l’idée de leur expliquer que je suis Française… en Europe… L’occident semble n’être qu’un gros bloc où les gens ne sont pas habillés en sari !

Durant ce temps, sans que je n’ai eu mon mot à dire, les filles me servent à manger, le fils de Soni part me chercher un jus de mangue… je suis assez gênée, mais l’ambiance est sympa.

Je rappelle Narveen qui a essayé de me joindre plusieurs fois… Je me fait engueuler d’être partie de me balader seule, et d’être allée chez des inconnus. Ce qu’il est protecteur, ça en est même pénible ! Il me dit que c’est dangereux, qu’on ne sait pas qui c’est, que je ne sais pas où je suis… C’est bon ! Du coup, il tient à venir me chercher en scooter.

Je crois qu’il est aussi assez jaloux, et il a du mal à comprendre ce que veut dire “non”… J’ai d’ailleurs été obligée de lui passer un savon. Mais il a compris. Il semble même assez affecté d’avoir été lourd. Il a réfléchi, et me parle d’un film dans lequel une grande star du cinéma Bollywood, Amitabh Bachchan, campe un avocat qui défend une jeune femme victime d’une tentative de viol. Et qui scande, dans sa plaidoirie “Non, ça veut dire non”. Et Narveen semblait tout à coup réaliser ce que ça signifiait. J’ai vu ce film. C’est “Pink”. Je crois qu’il a fait un peu bouger les lignes, en Inde.

Les jardins publics d’Hyderabad

Une des autres attraction d’Hyderabad est le jardin public. Il n’a rien de grandiose ou d’exceptionnel, mais il est agréable de s’y poser. C’est ombragé, il y a un musée, plusieurs bâtiments et statues, jolis à voir. Un bel endroit pour flâner. Un petit lac, au centre du jardin, paraît à première vue assez mignon, mais tout un côté rappelle le problème d’écologie en Inde : l’amoncellement de déchets plastiques.

Les jardins publics d'Hyderabad
Les jardins publics d’Hyderabad

Je dis au revoir à Narveen, puis me voilà prête à profiter de ma dernière soirée à Hyderabad. J’ai envie de passer plus de temps à Charminar et de voir certains lieux devant lesquels j’étais juste passée. En fait, à pied, c’est assez loin, presque 4 km ! J’essaye de prendre un bus que je ne trouverai jamais ! Je flâne dans les quartiers, assez commerçants, jusqu’à arriver enfin à Charminar. C’est toujours l’effervescence ici. Les strass brillent où que l’on pose les yeux : les robes, saris, bijoux à profusion, et même des chaussures entièrement en strass !

Sur la route du retour, je m’arrête au Moassam Jahi market. Cet endroit m’avait intrigué en passant devant. C’est une sorte de petit fort de pierres, magistralement éclairé, qui abrite plusieurs glaciers. Je ne peux pas résister à l’appel d’un petit kulfi, sous le gigantesque drapeau Indien qui flotte au dessus du fort.

En repartant, je remarque un homme en moto, avec un polo bleu, arrêté sur le bord de la route, qui semble ne pas me lâcher des yeux. Le problème, c’est que je l’ai vu plusieurs fois, arrêté comme ça. Au point où je ne rentre pas directement dans mon hôtel, le voyant encore derrière. Je dépasse les marches d’une dizaine de mètres et vais me mettre dans le recoin perpendiculaire de l’entrée d’un autre hôtel, où je fume une cigarette en observant. Il passe sans me voir, puis s’arrête à quelques mètres, et cherche autour de lui. Dès qu’il a le dos tourné, je me faufile derrière les panneaux pour rejoindre ma chambre. Je n’avais jamais senti d’insécurité dans cette ville jusqu’à ce moment là.

Demain, je dois me lever tôt : direction Pondichéry ! J’ai tellement hâte !

Shubh raatri !

Que s’est-il passé avant, dans ce blog ? :

Intro : Le départ

A Mumbai, c’était Épisode 1 : L’arrivée à Mumbai, Épisode 2 : Les quartiers de Mumbai, pour faire la fête, Épisode 3 : Sortir à Mumbai , ou vers la plage Épisode 4 : Juhu.

Après, je suis allée à Bîdar, oui oui, il y a une Bîdar en Inde, retrouver dans l’Épisode 5 : Ma famille Indienne, on a visité le temple Sikh Guruwarda, et passé du temps avec les enfants. On a aussi, fait, dans l’Épisode 8, la visite de Bîdar et des alentours.

Dans l’Episode 9, j’arrivais à Hyderabad, puis je vous amenais dans le temple Birla Mandir.

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