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Bîdar : ma petite famille – Épisode 5

Blog carte postale de l’Inde

C’était peut-être optimiste de croire que j’allais arriver à l’heure. A 6h du matin, le bus s’arrête sur le bord d’une route où il n’y a rien. D’habitude, les bus stoppent sur des sortes d’aires d’autoroutes, où il y a des toilettes, des restaurants et des vendeurs de thé. Là, rien. Que de la terre rouge, quelques vaches un peu plus loin, et une porte à l’entrée d’une route perpendiculaire. Elle est dressée là, pleine de couleurs et de représentation des dieux, avec une inscription en hindi, qui, je crois, signifie qu’il s’agit de la grande porte du temple Ganesh, le dieu à la tête d’éléphant.

Une porte de route indienne, dédiée au dieu Ganesh
Porte de la route du temple Ganesh

Comme la plupart des passagers, je finis par sortir du bus, pour prendre l’air, se dégourdir les jambes. Il y a surtout des hommes, mais il y a aussi une toute petite fille, avec, probablement, son grand-père. Elle doit avoir 2 ou 3 ans, et elle est toute mignonne dans une robe jaune à froufrous et tulle. Un peu du genre de celle que les petites filles porteraient en France à un mariage quand elles veulent faire les princesses, mais ici, ces robes se portent au quotidien.

Les chauffeurs du bus s’affairent autour des trappes techniques, je ne sais pas trop ce qu’ils racontent, de toute façon, je suis encore dans le pâté, la nuit a été bien courte… Sonali commence à m’envoyer des messages pour savoir à quelle heure elle vient me chercher. Ben… je ne peux pas trop te dire, ma Sonali !

Un bus indien en panne

J’ai rencontré Sonali il y a presque trois ans. C’était quand j’avais passé plusieurs mois à Pondichéry. Elle faisait partie de la “famille” recréée par Pichaya. Il me parlait beaucoup d’elle et, en effet, on s’est immédiatement bien entendues. Elle est devenue rapidement l’une de mes meilleures amies, ma sœur indienne. Sonali et moi avons vécu beaucoup d’émotions ensemble, des super chouettes, et des tristes aussi. C’est elle qui m’avait annoncé le décès de notre ami. Quelques mois après mon retour en France – qui devait n’être que temporaire, mais entre temps la pandémie avait tout figé – elle aussi avait quitté Pondichéry, pour aller vivre à Bîdar, chez sa sœur. C’est là que je la rejoins.

Sonali, elle aussi, est assez atypique. J’avais eu du mal à la reconnaître sur les anciennes photos qu’elle m’avait montré, où elle était encore en version “indienne classique”, en sari, cheveux longs tressés. Un jour, elle en a eu marre du sort que son mari – un mariage arrangé comme cela est commun en Inde – lui réservait. Elle avait heureusement le soutien de sa famille, elle a coupé ses cheveux courts, plaqué son super poste d’ingénieur informatique, son mariage, et elle avait décidé de devenir monitrice de plongée sous-marine.

Entrée de la ville de Bîdar en Inde
L’entrée de la ville de Bîdar en Inde

Elle me récupère en voiture à l’arrêt du bus. Pour vous, Européens, ça a l’air normal, mais en Inde peu de femmes conduisent des voitures. Celle de sa sœur est de plus assez imposante. Surprise, dans la voiture, il y a une petite fille, Isha. C’est un véritable amour : pétillante, craquante, et grosse pipelette ! A quatre ans, elle parle couramment hindi, marathi (la langue du Maharashtra, assez proche du hindi) et anglais. Elle apprend aussi le Kanadan à l’école, puisque, même si on est à la limite, Bîdar est dans l’état du Karnataka. L’Inde est un état fédéral, et chacun a sa langue, mais même si le hindi et l’anglais sont les langues officielles fédérales, elles ne sont pas parlées dans tous les états, surtout au sud.

Carte de l'Inde avec la location de Bîdar au centre
Carte de l’Inde – localisation de Bîdar, au centre

Ici, il fait vraiment chaud, plus de 40°. Est-ce un mirage ? La première chose que je vois, après l’énorme chien à l’entrée du jardin, est… une piscine ! Waouh, le rêve, je louche dessus !

La maison est posée dans un quartier un peu à part de cette ville qui n’a déjà pas l’air bien grande. C’est une superbe maison, moderne, avec des pièces immenses et une très belle décoration.

C’est une maison familiale. Sonali vit ici chez sa sœur Swati, avec ses enfants, Isha, que j’ai déjà rencontré, Sai, la sérieuse grande sœur de 8 ans, et Yosh, qui, comme tous les pré-ados du monde, ne parle pas et est surtout intéressé par les jeux vidéo ! La terrasse compte plus d’une centaine de pots de plantes, Sonali s’est toujours intéressée aux graines, et me dit que sa famille est une famille d’agriculteurs, qu’ils se doivent de perpétrer cela. Du coup, sa sœur est médecin gastro-entérologue mais également agricultrice ! Elle vient d’ailleurs d’acheter un champ dans lequel on ira demain.

Une famille adorable

Sai a une demande qu’elle n’ose pas formuler toute seule : elle veut aller dans la piscine, mais jusqu’à présent, elle n’ose pas y aller seule. On me demande donc comme une faveur de me baigner par plus de 40° ! Heu… comment dire ?! Yosh nous rejoint, et on s’amuse pas mal. Je crois que c’est le seul moment du séjour où je le verrai sourire ! Il est fier, il nage pas trop mal, il joue même avec sa sœur. Quant à Sai, elle prend de plus confiance, elle applique mes conseils et se sent de plus en plus à l’aise. Je crois que ce moment avec elle à été vraiment l’occasion de commencer une jolie complicité avec cette petite fille : je l’adore ! Isha s’amuse avec une sorte de bonnet jaune en crochet dont de longs brins pendent à l’arrière : Sonali fait plein de choses en crochet, elle a essayé de lui faire une perruque “Reine des neiges” !!!

Je leur donne les cadeaux que j’ai amené de France. Sai est ravie de son tee-shirt licorne à sequins. Je comprends, j’adore aussi les licornes !

Photos avec les enfants de mes amies
Ma petite famille indienne !

Swati m’a laissé sa chambre, une pièce immense. Cette famille me fait vraiment un accueil royal. La maison compte aussi trois autres membres : le chauffeur, Narveen, et deux femmes qui s’occupent de la maison et des enfants. Ils ne parlent que quelques mots d’anglais, et “aunti” parle hindi, mais la communication orale reste limitée. Le papa des enfants ne vit plus ici, mais il passe tous les jours pour partager du temps avec eux. Swati travaille à l’hôpital de la ville, et Sonali est dans sa chambre en télétravail -elle a repris son poste d’ingénieur informatique-, je passe donc pas de temps avec les enfants quand ils ne sont pas à l’école. Enfin, avec les filles, surtout, parce que Yosh passe sa vie virtuelle d’ado sur son ordi.

Je n’ai pas décidé combien de la suite du planning. Swati a prévu de me faire visiter les sites importants de la ville.

Ce soir, nous irons au temple Sikh Guruwarda. Je vous raconte ça dans le prochain épisode !

Phir milenge !

Retour à l’intro

Retour à l’épisode 1 : L’arrivée à Mumbai

Retour à l’épisode 2 : Les quartiers de Mumbai

Retour à l’épisode 3 : Sortir à Mumbai

Retour à l’épisode 4 : Le quartier de Juhu à Mumbai

Aller à l’épisode 6 : Le temple Sikh du Guruwarda

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