Blog Carte postale de l’Inde

Mon ami Amrit a déménagé. Je ne suis jamais allée dans son nouvel appart, mais c’est dans le quartier de Khar road, pas trop loin de Bandra que je connais bien. J’ai l’adresse, mais, comme d’habitude, les conducteurs d’autorischaws… ne connaissent pas les adresses ! Le mieux est d’indiquer le quartier et un lieu connu à proximité, comme un cinéma, un centre commercial, ou une école.

Je rejoins la file des passagers qui attentent pour prendre un rischaw, ces petits triporteurs motorisés répandus en Asie, régulée par l’aéroport. Ici, les conducteurs sont obligés de mettre le compteur au départ. En fait, ils y sont obligés partout, mais lorsqu’ils voient un touriste, ils n’hésitent pas à gonfler les prix, régler le “meter” (compteur) en tarif de nuit, ou d’ajouter des frais supplémentaires pour le parking de l’aéroport ou les sacs. Ici, la personne du comptoir vous précise que c’est interdit. Ceux de l’aéroport sont supposés être moins filous… Ce n’était pas le cas de celui-là, malgré son jeune âge. J’adore l’Inde, mais l’escroquerie au touriste – par certains, hein, pas tous – est assez pénible.

Je galère un peu, car je ne connais pas l’immeuble d’Amrit. Je n’ai même pas pu le prévenir que j’étais arrivée, parce que je n’avais pas de wi-fi, et pas encore de ligne téléphonique indienne !

Heureusement, un jeune sympa qui habite l’immeuble me voit tourner avec mes gros sacs et me demande s’il peut m’aider. Les gens sont vraiment très accueillants en Inde, et, contrairement à une idée reçue, ils n’attendent pas forcement un billet en retour ! Du coup, il me tend son téléphone pour appeler Amrit… que je réveille. Oui, il est encore un peu tôt, et il ne se lève pas aux aurores !

Je n’ai pas mangé, et j’ai faim ! J’ai hâte de boire un chai, ce thé au lait et aux épices, dont je raffole, et de manger n’importe quoi, pourvu que ce soit indien. Amrit n’est pas super motivé à sortir, mais il me prépare un chai et me fait des chapattis. Ha, ce qu’il cuisine bien ! Je lui dis que pendant mon séjour, il faudra absolument que je note sa recette du butter chicken, le meilleur que j’ai jamais mangé !

Je connais Amrit depuis plusieurs années. C’est devenu un ami. Il n’est vraiment pas comme tout le monde. Amrit est originaire de Delhi, il est Sikh, de cette religion du nord de l’Inde où les hommes ont les cheveux très longs, souvent recouverts d’un turban, et portent la barbe longue. Bon, Amrit, il n’est pas du tout comme cela ! Il est rasé de près et a les cheveux très courts ! Contrairement à la plupart des indiens, il vit seul, non avec ses parents ou une épouse. D’ailleurs, le mariage ne fait pas partie de ses projets de vie.

Lui, sa vie, c’est le cinéma.

Je crois qu’il voit tous les films Bollywood qui sortent – et il y en a un paquet – et il est d’ailleurs réalisateur. Pour le moment, il n’a pas encore pu tourner de long-métrage, mais son projet de grand film prend forme. Son héroïne est une toute jeune femme, un personnage fort qui fait bouger les lignes. Amrit est un esprit libre, quelqu’un de vraiment intéressant. Si vous aimez les récits de voyages, vous avez peut-être déjà entendu parler d’Amrit sur le blog ou dans le livre de ma pote Kell’aventure. Oui, je suis “la” Cécile qui l’avait briefée sur l’Inde, et qui l’avait mise en contact avec Amrit ! Allez, faisons une petite photo pour Kelly avec lui et le livre qu’elle m’a chargée de lui remettre !

Après une longue conversation de retrouvailles, faisons un petit tour dans le quartier : j’ai besoin de respirer Mumbai, de m’imprégner à nouveau de l’esprit indien. J’ai un besoin viscéral de revoir ses rues, d’entendre les klaxons, d’être enveloppée par la chaleur de l’air comme si l’Inde me reprenait enfin dans ses bras. J’entends à nouveau du hindi, langue que j’ai appris, mais que je ne maîtrise pas encore. J’essaye de parler hindi avec Amrit, mais OMG, la pratique en vraie vie est bien différente des cours ! Dans la soirée, je lui laisse même un petit mot en hindi, alors qu’il s’est endormi, pour lui dire que je descends fumer une clope. Je ne sais pas s’il a compris mon message en se réveillant, mais ce qui est sûr, c’est qu’il m’a corrigé des fautes !

Ce qui est bien ici, c’est que je fume assez peu. Il est interdit de fumer en public. Ça peut paraître surprenant pour des français, mais il est prohibé d’allumer une cigarette dans la rue. On peut devant certains bars, ou alors il faut se cacher derrière des escaliers. Mais la lutte contre le tabagisme est ici vraiment prise au sérieux. Je prends donc l’ascenseur pour descendre les 14 étages, jusqu’au hall entre les deux bâtiments, qui est curieusement décoré. Plusieurs hommes s’affairent à accrocher un ciel de tissus, rose et dorés, qui font comme des vagues inversées et alternées. Ils me demandent dans un anglais approximatif : “What country? “

Je m’éloigne pour aller de l’autre coté de l’immeuble, pour fumer à l’abri des regards. Derrière le bâtiment, je tombe sur la “salle de sport” dont me parlait Amrit, où des jeunes s’entraînent. En fait, c’est plutôt un coin de terrasse aménagé de tubes qui servent de barres de traction, et des blocs de béton comme steps. Je dis bonsoir à ces jeunes, et, pour une fois, ce sont des regards plutôt pas très amicaux que j’ai en retour.

Nous ressortons, avec Amrit. J’aime bien marcher, flâner dans les rues, mon ami est plutôt “déplacements en rischaw”. Nous en hélons un à qui Amrit dit quelque chose que je ne comprends pas. Sur la route, je vois une scène surprenante : deux gars sont à genoux, affairés sur le châssis d’un rischaw à demi retourné sur le flan, comme un jouet d’enfant, au bord de la route.

C’est agréable de rouler dans ce petit machin ouvert, et de ressentir le vent. J’ai la sensation d’être rentrée à la maison. On arrive en bord de mer. Enfin, de mer… de l’océan. Je ne sais pas bien, en fait : c’est à la fois l’océan indien et la mer d’arabie.

Nous marchons dans Bandra west, sur la promenade le long de l’eau. Il a fait très chaud, aujourd’hui. Il y a encore des gens qui se promènent, surtout des jeunes, en couple ou en groupe d’amis. C’est un quartier plutôt chic de Mumbai. De nombreuses stars de Bollywood y vivent, et, en tout cas pour Armit, il n’y a rien de secret. Ici vit Shahrukn Khan, là, c’est l’appartement de Kajol. Et de nombreux autres noms de paroliers, de chanteurs ou de metteurs en scène que je ne connais pas.

C’est plutôt étrange, la mer est assez basse – il doit y avoir des marées- et ce sont surtout des pierres saillantes et mouillées, espacées de mini-lacs et couvertes d’algues et de plastiques, qui composent ce qui devrait être une étendue d’eau. Je me demande même si les gens marchent pieds nus dedans quand il y a plus d’eau, et s’ils ne se font pas mal aux pieds. Mais bon, peut-être que personne ne se baigne ici, aussi, on est en ville… En tout cas, une fois qu’on a vu ce qu’il y a en dessous, ça ne donne pas envie.

Forcement, ce coin loin des slums compte quelques cafés fréquentés par la middle class de Mumbai. Nous nous posons au Coffee by Di bella, sur un bel espace terrasse dont l’entrée affiche, sous les palmiers et les guirlandes d’ampoules, un géant “Meet me where the sky kisses the sea” (retrouve-moi où le ciel embrasse la mer)… tout un programme !

Allez, il est temps que la journée, commencée à Charles De Gaulle plusieurs dizaines d’heures avant parce que je n’ai pas vraiment dormi depuis, s’achève sur cette jolie note. Retour à l’appart pour une nuit bien méritée !

L’aventure ne fait que commencer ! A bientôt pour vous faire vivre la suite de mon voyage en Inde avec moi !

Phir milenge !

Retour à l’intro : Le départ

Aller à l’épisode 2 : Les quartiers de Mumbai

Aller à l’épisode 3 : Sortir à Mumbai

Aller à l’épisode 4 : Le quartier de Juhu

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